Mensonge : numéro 1

Je devais avoir au moins 40 ans quand ma mère m’a dit que ”tout le monde mentait de temps en temps”. Moi, ça me stresse complètement. J’espère ne pas avoir menti 10 fois dans ma vie. Je lance le décompte. Mensonge numéro 1 : avant la première communion, les enfants catholiques doivent se confesser. Je ferai un autre jour un article sur cette méthode de culpabilisation des émotions naturelles et normales. Bref, à l’époque j’étais très motivée, je voulais même devenir curé. Je n’ai d’ailleurs toujours pas compris pourquoi les filles ne peuvent pas, certainement pour les mêmes raisons qui font que quand j’ai rappelé pour avoir des nouvelles après un entretien d’embauche, j’ai entendu vers 1997 ”ah mais il restait un homme et une femme pour ce poste, donc, vous comprenez, on a pris l’homme” ( entreprise Rehau, au moins 800 km de train à ma charge pour aller passer l’entretien ) (Et non, je dois vraiment être trop bête, je n’avais pas ”compris” et ne ”comprends” toujours pas ) . Bref, j’étais très motivée pour faire la communion ( grosse déception = je n’ai RIEN ressenti de spécial en goûtant l’ostie ) mais j’étais en très grand stress pour la confession : apparemment, il fallait se décrire comme quelqu’un de méchant et j’avais l’impression d’être gentille et surtout il ne fallait pas mentir. Ce qui n’est pas du tout un problème pour moi. Sauf qu’on m’avait donné une liste de ”péchés”. Et qu’aucun ne me correspondaient vraiment, et en plus il fallait en choisir au moins DEUX ! J’avais bien compris que si je disais que je ne trouvais rien dans cette liste, les adultes seraient mécontents ou ne me croiraient pas ou diraient que j’étais une prétentieuse ( ou ce genre de trucs très agréable à entendre. Déjà qu’il y avait des adultes qui me traitaient de Mlle je-sais-tout ( peut-être qu’en fait j’avais déjà lu plus de choses qu’eux et qu’ils s’en étaient rendu compte ? )) . La préparation de cette confession m’a donc mis dans un stress pas possible, et, comme cela allait se reproduire encore plein de fois dans ma vie, je n’envisageait même pas de pouvoir en parler à quelqu’un. Après des jours et des nuits de réflexion, j’ai trouvé une idée et j’ai décidé de mentir (ce qui me permettrait de satisfaire les adultes et de commettre un péché de la liste, ouf ) . J’ai donc choisi deux péchés dans la liste ( ”j’aime trop les bonbons” alors que je ne mangeais que très très exceptionnellement des bonbons et que je n’ai vraiment jamais aimé ça et ”je suis jalouse de mes soeurs”, ce qui n’avait vraiment aucun sens pour moi à cet âge ). Le jour de la confession est donc le jour où pour la première fois de ma vie j’ai sciemment menti, en commettant donc un péché qui était sur la liste, juste pour me conformer aux préjugés. Inutile de dire que j’ai passé de nombreuses nuits à mal dormir à cause de cette situation. Et j’imagine que peu de gens peuvent croire qu’une enfant de 7 ou 8 ans se casse le moral comme ça. Maintenant, j’analyse cela comme ayant été un stress lié à une sorte d’injonction contradictoire et à un pb de placage de représentation sur les gens. Hier j’ai lu un document apparemment destiné aux catéchistes et c’était tellement naïf et sans aucune prise en compte des spécificités possibles des enfants… je me demande si les gens qui avaient écrit ce document ont déjà rencontré des vrais enfants qui ne ressemblent pas à l’image qu’ils ont de ”L’enfant”. Car ”L” enfant n’est pas pluriel, n’a pas de vie personnalisée ni de personnalité, il est une entité qui se comporte toujours comme les clones qui sont ses semblables et est toujours ravi de faire sa confession, tout le monde sait cela, n’est-ce pas ? Quelle bêtise incroyable.

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